Les nouveautés
Les coups de cœur
Ce dernier roman nous situe l'Enquêtrice dans son âge mûr, en proie à des difficultés personnelles avec sa fille (13 ans) en pleine crise de pré-ado, sans pouvoir déterminer la/les causes. Et son mari ne l'aide guère.
Elle accepte une enquête à l'autre bout du pays : Islande. Pays où en hiver on ne compte pas un déplacement en kilomètres mais en heures, voire en jours.
Un massacre : un couple en une inconnue. Dans cette littérature policière d'Europe du Nord, viols, incestes, alcoolémie++, agressions sexuelles sont monnaie courante. Mais l'écriture est littéralement anxiogène et nous 'camisole' au fil des pages dans un carcan de terreur. Le froid intense, la neige omniprésente, la nuit (looongue nuit) les difficultés de déplacement : comment va t'on sortir de là ? On pressent le drame de fin, et on est bien loin de la 'vérité'.
Même le bouquin fini et rangé, le lecteur est mal à l'aise. On se dit : c'est un roman, c'est imaginé...
Sûr ?
(Serge - Club de lecture)
Dans un lointain futur, une Humania retrace sa vie à travers des situations passées et présentes. Un monde peuplé de centaines d’espèces regroupées dans une station où les Spéciens (séparation des espèces) et les Fusionnistes (métissage des races) vivent en harmonie. Au gré desqa voyages interstellaires, ces stationniens extraient le minerai des astéroïdes. Jusqu’au jour où…
Rossignol est un roman court de science-fiction qui nous emmène dans un univers où la science des Paramètres forge les espèces. « Les stationniens se définissent moins en fonction de leurs origines que de leurs pourcentages génétiques » (extrait du résumé du livre). Le récit magnifique et poétique se fait à la première personne. Prenant de la première ligne à la dernière, j’ai aimé.
(Catherine - Club de Lecture)
Un vieil homme se retrouve face à un juge. Le juge est jeune et interroge le passé du vieil homme pour se forger son intime conviction. Petit à petit, l’interrogatoire cède la place à une discussion sur l’engagement, l’amitié, la trahison, la justice.
Assez vite, je me suis mise à la place du vieil homme et j’ai ressenti beaucoup d’impatience quant à l’issue de l’interrogatoire. Va-t-il être remis en liberté ? A la prochaine page ou bien jamais ? Le personnage principal, ce vieil homme, lui, au contraire , laisse les évènements se dérouler avec beaucoup de détachement et ce, jusqu’à la fin.
Très belle écriture. Les sujets abordés sont traités avec beaucoup de finesse et de complexité.
(Monique - Club de Lecture)
Amateurs de syntaxe académique ou de plus-que-parfait du subjonctif, passez votre chemin !
Ce roman (mais sûrement très proche de certains événements) est écrit en français comme on le cause du côté de Belleville, de Ménilmuche ou des Halles Baltard. Pas de javanais ou de louchebem, mais du parigot pur jus que n'aurait pas renié l'auteur de 'L'argot sans peine par la Méthode à Mimile'.
Sur fond de marigots politiques (fin du Front Populaire, essor de la xénophobie martelée par la Cagoule ou les Croix de Feu, un nazisme naissant en France, Front Républicain espagnol, trafic d'armes, influence sous-marine de l'URSS ...), notre détective privé a fort à faire pour dénouer une intrigue aussi tordue que possible où les gens honnêtes ne sont peut-être pas aussi honnêtes que cela. Bien qu'en délicatesse avec la Police française officielle, notre homme sera discrètement aidé par un officier aux idées assez larges, et pourra trouver une vérité.
Et quelle atmosphère à la veille d'une guerre qui fera plus de quarante millions de morts !
(Serge - Club de lecture)
Un portrait de la France de 2015 à 2022 d'une grande finesse sociologique.
Il s’agit d’un polar Sud-Africain découpé en 4 parties avec toujours un élément qui relie ces parties entre elles. Il y a 3 histoires différentes : l’histoire de Milla qui plaque tout pour s’éloigner de son mari et de son fils adolescent violent ; l’histoire de Lemmer qui escorte des rhinocéros vers une réserve ; et Mat Joubert, détective privé, qui doit retrouver la trace d’un homme disparu du jour au lendemain. Le tout offre une vision réaliste de la vie en Afrique du Sud.
Deon Meyer mélange les styles avec brio. On passe d’un roman d’espionnage au roman d’aventure pour finir sur une enquête policière. Même si les intrigues se succèdent, on ne se perd jamais dans ce roman. Le mélange des genres ainsi que les personnages sont très réussis.
Michel H., fan de Michel Houellebecq, vient de se faire larguer par Bérénice après 3 semaines de vie commune.
Michel H. est dépressif et il pense bien au suicide mais la tâche est trop complexe. Il va plutôt, depuis son appartement et grâce à des livres de développement personnel trouvés dans un carton, tout tenter pour reconquérir la femme de sa vie. Finalement, sa meilleure chance ? : l’annonce d’un marabout virtuel qui promet de ramener Bérénice pour le dîner !
C’est parfois drôle, cynique ou loufoque et souvent absurde.
(Carine - Club de lecture)
Cette bande dessinée est née de la rencontre entre Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste des questions de climat et d’énergie (initiateur de la notion de bilan carbone) et de Christophe Blain, dessinateur et auteur de BD. Ils nous proposent un travail de vulgarisation des enjeux énergétiques qui fait mouche : drôle sur la forme et sérieux sur le fond.
La BD débute en donnant les notions clés concernant l’énergie sous toutes ses formes : autrefois 100% renouvelable (énergie animale, humaine) et aujourd'hui en majorité épuisable, polluante ou fournissant des déchets difficiles à gérer. Le propos est particulièrement bien documenté et propose des comparaisons qui permettent aux néophytes de s’approprier les enjeux et les ordres de grandeur de façon ludique.
L'exposé se poursuit par quelques chapitres consacrés à l'étalement urbain qui crée un besoin toujours plus grand en énergie...
Le propos en vient ensuite aux sources d'énergies, renouvelables, fossiles, leurs avantages, leurs inconvénients, les aprioris, les idées reçues ... les besoins croissants des humains... besoins qui accélèrent le processus de réchauffement dont les mécanismes sont clairement expliqués.
Un livre utile et dérangeant, qui invite à faire le deuil d'une vie d'abondance.
(Muriel - Club de Lecture)
Le dessinateur Christophe Blain s’interroge sur le réchauffement climatique. Il rencontre Jean-Marc Jancovici, l’inventeur du bilan carbone qui permet de compter les émissions de gaz à effet de serre. A eux deux, ils expliquent des notions compliquées comme la loi de conservation (qui oblige l’humain à extraire l’énergie de son environnement quand la sienne propre ne suffit pas) ou encore le climat sans simplisme et avec clarté , en s’appuyant sur notre quotidien.
Les faits sont exposés, des solutions variées sont proposées. Ce livre permet de poser les choses, d’y réfléchir et d’avoir une vision d’avenir. Sans aller jusqu’à “un avenir radieux”, on se dit que l’on peut agir pour un avenir possible. Des dessins sympas et beaucoup d’humour permettent une lecture agréable pour un sujet angoissant.
(Monique - Club de Lecture)
Dans un village près du lac d’Annecy, une jeune femme est retrouvée morte. Immédiatement, les soupçons se portent sur Antoine, un loser, éternel adolescent. Connu de tous les habitants, il est jugé instable, même par sa propre famille mais inofensif. Se déploie alors un roman choral, dans lequel les points de vue de chacun des habitants du village s’expriment. Au fur et à mesure de l’enquête, et alors qu’Antoine, que tout accable, prend la fuite, les rapports de force, de pouvoir et de domination entre les hommes, entre les hommes et les femmes et entre les familles se dévoilent. Finalement, peu importe l’issue de l’enquête : ce roman aux faux airs de roman noir est un prétexte pour dépeindre les rapports sociaux qui régissent le quotidien de ce village, et plus largement de notre société.
Dans ce premier roman très émouvant l'illustrateur Mathieu Persan rend hommage à sa mère, emportée par un cancer à 68 ans en racontant les derniers jours qui ont précédé sa mort, et la vie qui s'écoule immédiatement après.
De façon très touchante, l'auteur convoque les souvenirs de son enfance à Vincennes et dresse le portrait d'une mère dévouée au bien être de ses enfants et de sa famille : "Il ne doit plus jamais rien m'arriver", cette phrase est celle que la mère de l'auteur s'est exclamée suite à la naissance de son premier enfant. Une fratrie unie, une famille de profs fantaisistes, une maison toujours ouverte aux enfants et aux amis de passage...ainsi s'écoule paisiblement les années, qui voient les enfants grandir et quitter le nid. La relation presque fusionnelle entre la mère et le fils est décrite avec beaucoup de justesse et de pudeur, tout comme l'annonce de la maladie, soudaine mais comme allant de soi pour la mère du narrateur.
Malgré la tristesse de la situation, l'écriture de Mathieu Persan rend l'histoire lumineuse et mêle avec subtilité les moments d'émotion et d'humour. Aux moments solennels se mêle en effet la trivialité de la vie qui continue, malgré l'absence de l'être cher : les formalités, l'assurance vie, le cimetière, les pompes funèbres, mais au fait, comme habille-t-on un défunt ? Même l’inhumation prête à sourire, avec les travaux en retard et le grincement des outils des ouvriers.
Un roman qui marque les esprits : on y sent tout l'amour d'un fils pour sa mère, la complicité, les silences...
(Muriel - Club de Lecture)